Les types de structure de phrase en Arabe

Phrases nominales et phrases verbales ( entre autres )

Présentation…

Les leçons précédentes avaient pour vocation de vous présenter des points de grammaire qui s’appliquaient à des éléments isolés. A l’exception de la leçon sur les déclinaisons, cette leçon est la première à traiter des ensembles de mots. Comme vous saviez jusqu’ici mettre des éléments isolés au pluriel, au féminin, les conjuguer, etc, vous pourrez à partir de maintenant les assembler pour en faire des phrases. A titre notable, vous découvrirez entre-autres, que la phrase Arabe n’a pas nécessairement besoin de verbe, et qu’il existe en Arabe, la notion de phrase nominale, permettant de faire l’économie du verbe « être ».

Présentation des types de phrase

Il existe deux grands types de phrase en Arabe : la phrase nominale, qui est la plus simple, et que nous aborderons donc en premier ; et la phrase verbale qui est celle que l’on rencontre le plus souvent dans l’expression courante. Deux autres types pourraient y êtres ajoutés, qui sont celui de l’intitulé ( qui est un cas particulier ), et celui de l’interjection ( qui a toute sa place dans l’expression courante ).

La phrase nominale

La phrase nominale se constitue ainsi : Sujet + Attribut. Ou encore plus précisément : Groupe-sujet + Groupe-attribut. D’un point de vue formaliste, la phrase nominale est un prédicat ( un terme employé en logique, mais aussi en linguistique ). Les verbes Laysa, Kana et Inna, ne sont pas de véritables verbes, et peuvent faire partie d’une phrase nominal. Notez donc bien qu’une phrase nominale Arabe peut contenir des pseudos-verbes ( bien qu’elle soit qualifiée de nominale ).

La phrase nominale n’a aucun équivalent en français ni en anglais. C’est une phrase qui comme son nom l’indique, ne contient pas de verbe. La surcharge du verbe « être » en français, employé comme auxiliaire, le rend obligatoire même dans les formulations les plus simples. Comme le verbe « être » est implicite en Arabe, il sera possible d’exprimer des énoncés simples, équivalents aux énoncés les plus simples du français, sans même donc employer de verbe.

Un phrase nominale commence par un mot à l’état déterminé, qui servira de sujet ( on parle bien de sujet dans ce cas, même s’il n’y a pas de verbe, c’est ainsi avec l’Arabe ) suivit d’un complément indéterminé. Le premier mot, doit être déterminé par nécessité, puisqu’il joue le rôle de sujet, et qu’un sujet doit être déterminé ( par définition ). Il n’est pas nécessairement un nom commun, et peut tout aussi bien être n’importe quel mot pouvant jouer le rôle de sujet. Il en va ainsi des pronoms personnels ( comme أنا, أنتَ, أنتِ, هو, هي,… ), des noms propres ( comme عايدة, فطمة, كريم, … ), des noms de lieux ( comme فاس, باريس, طنخة, … ). Tous ces exemples sont des noms à l’état déterminé par nature ( il n’y a pas besoin de les mettre à l’état déterminé, puisqu’il le sont toujours déjà ). Il pourra s’agir aussi de nom qui seront déterminés, soit par l’article ( par exemple السينما, اليوم, … ) soit par le possessif ( par exemple كتبي, قلمك,… ).

À la suite du sujet, on trouvera un attribut. L’attribut peut être un nom propre, un complément de lieu في المدرسة, قرب الباب,… ), un complément de temps غدا, هذا اليوم,… ), un adverbe ( qui en fait lui-même joue d’une autre manière le rôle de complément de lieu ou de temps ) ou un adjectif. Si c’est un adjectif, il devra alors être indéterminé ; ce qui est logique, car si l’adjectif est déterminé, il fait corps avec le mot auquel il s’applique, et si ce mot est le sujet, alors l’adjectif fait partie du sujet. Pour vous donnez une idée de ce dernier point qui est heureusement moins compliqué qu’il n’y paraît, comparer ces deux bouts de phrases en français : « Alexandre est grand » et « Alexandre le grand ». Dans le premier cas, on a un adjectif à proprement parlé, qui correspond au cas ou l’adjectif n’est pas déterminé en Arabe. Le deuxième cas correspond à un adjectif Arabe déterminé, et on voit bien que le second cas n’exprime pas du tout la même idée. De plus, le premier exemple est une phrase, tandis que le second n’en est pas une ( mais pourrait être le sujet d’une phrase ).

Quelques exemples de phrases nominales simples : أنت جميلة ( tu es belle ), هو لطف ( il est affectueux ), التفل الصغير هنا ( le petit enfant est là ). Remarquez bien le dernier exemple, il correspond justement à un cas d’adjectif déterminé ( il y a un article à صغير ) et qui fait donc partie du sujet.

La question a été présentée, mais pour le souligner, il est utile de le rappeler explicitement : en lieu est place du sujet, on peut trouver un groupe-sujet, et en lieu est place de l’attribut, on peut trouver un groupe-attribut ( ce qui permet d’exprimer des phrases nominales plus riches de sens ).

La phrase verbale

La phrase verbale se constitue ainsi : Verbe + Groupe-sujet + Complément-direct + Complément-indirect. Les compléments, direct et indirect(s), sont optionnels, et le sujet peut éventuellement ( mais assez peu souvent en pratique ) apparaître avant le verbe ; nous en reparlerons plus loin. Autre variation possible : le complément de temps peut se trouver parfois à n’importe quelle place dans la phrase. Là aussi, c’est assez peu fréquent, et sa place habituelle est bien celle du complément. Notez pour finir que le sujet peut être implicite, dans le cas ou il se réduit à un pronom personnel exprimé par la forme conjuguée du verbe.

Le verbe s’accorde en genre avec le sujet, mais jamais en nombre (du moins dans le cas habituel ou le verbe est placé en premier élément de la phrase). Ainsi on aura يدرس التلاميذ العربية, « les étudiant-e-s apprennent l’Arabe ». Le sujet peut se mettre parfois avant le verbe, ce qui exprime une insistance sur le sujet. Dans ce cas alors, le verbe s’accorde en genre et en nombre ( sinon il s’accorde seulement en genre ). Si nous reprenons l’exemple précédent, en plaçant le sujet avant le verbe, nous avons التلاميذ يدرسون العربية. Concernant le sens de la phrase lorsque le sujet est placé avant le verbe : la phrase signifie toujours « les étudiant(e)s apprennent l’Arabe », mais avec une insistance sur le sujet, un peu comme si on disait en français « les étudiant(e)s, ils/elles apprennent l’Arabe » ou encore « les étudiant(e)s, eux/elles, apprennent l’Arabe ».

Le complément direct correspond à la chose sur laquelle s’applique le verbe. En terme formel, c’est l’argument du verbe ( comme en algorithmique on parlerait de l’argument d’une fonction ou d’une procédure ). Par exemple le verbe « manger », requière que l’on indique ce que l’on mange. Le complément direct dans ce cas, pourrait être « une pomme ». Cet chose sur laquelle s’applique le verbe peut être introduite par une préposition. C’est la nature du verbe, et non pas la nature du complément qui indique si oui ou non il faudra employer une préposition. Un cas d’argument avec préposition pourrait être « à Fès », comme dans « je vais à Fès ». Pour vous faire comprendre ce que signifie l’affirmation que la nécessité ou non de la préposition est indiquée par le verbe, nous pourrions aussi bien avoir la phrase « je vois Fès ». Dans ce cas, le complément est toujours « Fès », mais ici il n’est pas introduit par une préposition. C’est donc le verbe, encore, qui indique la préposition qu’il faudra employer. Le verbe « aller » demande une préposition « à », cela fait partie de la nature du verbe. Ce sont les mêmes verbes qu’en français, qui en Arabe demandent une préposition. Il peut y avoir plusieurs prépositions possibles pour un même verbe. Le verbe « aller » en l’occurrence, peut être suivi de la préposition « à » ou aussi encore de la préposition « par », comme dans « je vais à Fès » ou « je vais par le chemin ». Formellement parlant, les prépositions indiquent des vecteurs ( si cela vous parle intuitivement ).

Les compléments indirects ne posent aucun soucis, et sont tous les autres compléments ; c’est-à-dire les compléments qui indiquent les circonstances, le lieux, le temps, etc. Notez bien à ce sujet, que le complément de temps peut apparaître à n’importe quelle place dans la phrase ( le complément de temps, et seulement lui ). Dans la phrase « je mange une pomme délicieusement », le complément indirect est « délicieusement » ( celui-ci est plus précisément un complément de manière ).

La possibilité de déplacer le complément de temps dans la phrase, exprime le fait d’insister plus ou moins sur celui-ci. Plus on le placera au début, plus on insistera sur lui. Le principe est le même qu’avec le sujet lorsqu’il est placé avant le verbe au lieu d’être placé après.

L’intitulé

Les intitulés sont tout simplement des phrases incomplètes, telles qu’on peut en trouver en tant que titre d’un livre, ou encore comme étiquette sur un pot de confiture, etc, etc. Ce sont le plus souvent des titres ( de chanson, de chose, d’objet,… ). Ils ont exactement la même structure qu’un groupe sujet, si ce n’est qu’ils peuvent êtres indéterminés ( alors que les groupes sujets sont nécessairement déterminés ).

L’interjection

L’interjection est très simple, et elle correspond à des petites choses comme « Bonjour ! » ou encore « Éh toi! ». La même chose existe en Arabe.