Introduction aux Schèmes de la langue Arabe

Créer et comprendre le vocabulaire issue des racines

Présentation…

Les schèmes de la langue Arabe, sont à la fois comparables et complémentaires aux racines des mots Arabes. Si vous avez lu les précédentes explications au sujet des racines, vous avez déjà une petite idée de ce que sont les schèmes Arabes, mais il vous reste à découvrir le degré de liberté et l’aisance apportés par l’associé des racines. Découvrir les schèmes de l’Arabe, c’est comme passer de la règle graduée, au graphique en deux dimensions. Cela n’a l’air de rien, car on se dit que le deuxième repère sur un graphe n’est rien d’autre qu’un autre repère gradué tout a fait comparable au premier… et pourtant, c’est la combinaison des deux qui change tout, c’est ce qu’apporte l’introduction d’une seconde dimension qui amène des choses d’une toute autre nature : une dimension supplémentaire, ce n’est pas rien.

Présentation des schèmes

Les schèmes de l’Arabe, désignent bien leur fonction par le seul nom qu’ils portent : ce sont des schémas applicables aux racines, ces applications produisant du vocabulaire nouveau, reconnu ou même non-encore- connu. L’avantage des schèmes est comparable à celui de la numération. Plutôt que d’inventer autant de symbole qu’il y a de nombres possibles, on crée des nombres avec des chiffres que l’on combine ensemble. Il est bien plus facile d’apprendre les chiffres de 0 à 9 et de savoir les combiner, que d’apprendre par cœur par exemple, 1000 symboles différents pour représenter les nombres de 1 à 1000 ( dans le passé, d’anciennes civilisations, comme les Mayas, avait un symbole pour chaque grandes valeurs numériques ).

Ainsi, pour créer le nombre 85, ont combine simplement ensemble le chiffre 8 et le chiffre 5. Imaginé si vous aviez à apprendre 85 symboles différents pour compter de 0 à 85… C’est pourtant exactement ce qui se passe dans les langues Latines comme le français par exemple… Nous en connaissons les conséquences : difficultés à créer de nouveaux mots, et quand on tente d’en créer selon des règles logiques ( extrapolées sur les quelques rares semblant de cohérences ), ils sont alors jugés non-académiques ( triste et cruelle déception ). Difficultés à se remémorer tous les mots, tant des mots de sens pourtant proches ont des structures totalement différentes, laissant même penser qu’ils n’ont rien à voir entre eux. Risques d’erreurs dues à l’arbitraire.

A l’inverse en Arabe, les synonymes rimes toujours entre eux dans leur aspect… nous pourrions dire qu’en Arabe les synonymes sont presque homonymes ( presque ). On peut créer beaucoup plus aisément des mots au feeling, car même si les mots que vous composez sont potentiellement inconnus de vos lecteur(rice)s, ils et elles les comprendront tout de même aisément. Et ce n’est pas un pis aller que de le dire, car ce principe est même par exemple utilisé dans la publicité au sein du monde Arabe. La plupart des campagnes publicitaires dans le monde Arabe, sont issue d’entreprises Occidentales. Au moment de traduire les slogans, les concepts et les discours, des difficultés se posent devant la différence du vocabulaire courant des deux langues. Mais l’Arabe étant une langue souple, grâce au jeux de l’application des schèmes sur les racines, il est possible de créer ces mots en employant une racine et un schème Arabe, tous deux déjà préexistants ( et la langue Arabe n’est pas en reste à ce sujet ). Une fois ces mots créés et ainsi composés, ils peuvent êtres employés comme des mots ordinaires. Les Arabophones les rencontrant pour la première fois y verront un mot « inconnu », mais en comprendront rapidement le sens, l’assimileront et l’intégreront naturellement, car cette démarche est naturelle dans la langue Arabe ( le phénomène est surtout vrai pour l’Arabe courant, mais il néanmoins également valable avec les dialectes ).

Là où dans une langue latine, un mot inventé logiquement serait perçu comme un amusement enfantin ou regardé avec condescendance, et certainement pas comme une chose à prendre au sérieux, en Arabe, un mot « inconnu » est plutôt un mot « pas encore connu », et le potentiel de nouveauté et de découverte est très grand dans la langue Arabe.

Sensibilité et imagination

Si vous avez l’âme un peu sensible, vous-vous prenez peut-être à rêver d’inventer vos mots au feeling, comme vous les ressentez… vous rêvez peut-être à créer le mot juste qui exprime exactement ce que vous voulez exprimer… ce rêve, la langue Arabe vous l’apporte, et cela fait partie de sa vie naturelle. C’est une des nombreuses raisons parmi d’autres, qui ont fait que la langue Arabe est probablement celle qui a vu naître le plus de poèmes, et même sûrement parmi les plus beaux et les plus sensibles, parmi ceux qui ont la touche la plus juste.

Tout de même un bémol ( puisque nous parlons art ) : il vous faudra au préalable, avant de jouer, apprendre à connaître les règles ( les schèmes ), et vous imprégner du sens et du goût des ingrédients de bases ( les racines ). Le premier point demande de la rigueur et de l’assiduité ( ce qui sera facilité par la constance de la langue Arabe ), tandis que le deuxième demande du temps ( là encore, on retrouve amusament deux dimensions orthogonales… « amusament » justement, un mot logique mais interdit en français ).

Mode de fonctionnement imagé

Imaginez qu’une racine soit un dessin à colorier, et que les schèmes soient des crayons de couleurs. Cela vous donne une idée de la manière avec laquelle s’appliquent les schèmes. Ou encore, imaginez des légumes comme les pommes de terre, les tomates, les choux, qui seraient comme les racines, et des farces ( pour farcir, pardi ) qui serait comme les schèmes… ou l’inverse. Mathématiquement ou logiquement parlant, un schème serait comme une fonction applicable à des éléments algébriques, renvoyant des valeurs dans un domaine plus grand que celui des arguments des fonctions applicables ( « E x F G, G > E » ).

Ces images ne se veulent pas vous perdre et vous égarer, mais attiser votre imagination et vous faire prendre conscience.

Règles d’application et d’utilisation des schèmes

Un schème se constitue de plusieurs lettres, en nombre limité, de 1 à 3 lettres, typiquement ( en cela, ils sont un codage similaire aux racines ). Mais dans le schème, il y a des places vides, dans lesquelles vous allez pouvoir placer les lettres issues d’une racine.

Par exemple, imaginons que « AxxBx » soit un schème. Les lettres du schème sont « AB », et les places vides sont les trois petits « x ». Vous pourriez également lire le schème de cette autre manière, en numérotant les places vides : « A12B3 ». Maintenant, imaginez que « UVW » soit une racine, et notons cette racine ainsi : « 1:U, 2:V, 3:W ». D’un coté, les places vides du schème sont numérotées dans l’ordre, et les lettres de la racine sont numérotées elle aussi dans l’ordre. Maintenant, nous allons placer les lettres de la racine dans les places vides du schème, en fonction de leurs numéros. Nous placerons la lettre N°1 de la racine dans la place vide N°1 du schème, la lettre N°2 de la racine dans la place vide N°2 du schème, et ainsi de suite. Ceci nous donne « UVW x AxxBx = AUVBW ».

C’est facile à faire mentalement, car il faut seulement prendre les lettres de la racine dans l’ordre, et les places vides également dans l’ordre. Les numéros ne sont donnés ici que pour les explications, et en pratique, vous n’en aurez bien sûr pas besoin.

Pour compléter la règle, et si vous avez de l’imagination, vous-vous demandez peut-être comment faire si le nombre de place vide et le nombre de lettre de la racine sont différents… S’il n’y a apparemment pas assez de place vide, alors vous ajoutez les lettres restantes à la fin, comme si la suite était une interminable queue de place vide. Si au contraire il n’y a apparemment pas assez de lettres dans la racine pour remplir toutes les places vides du schème, alors si les places vides restantes sont à la fin, ça n’est pas grave, mais si les places vides restantes sont au milieu, que donc certaines lettres du schème se trouvent isolées du reste du mot, alors ce n’est pas correct, et le schème et la racine ne peuvent pas être combiné ensemble.

Schèmes un peu particuliers

La quasi-totalité des schèmes sont des schémas de lettres, que l’on fusionnera avec un autre pattern de lettres ( la racine ). Il existe quelques rares exceptions à cela : certains schèmes n’ont pas de lettres en propre, mais reprennent les lettres de la racines pour les y ajouter à nouveau. Par exemple, partant de la racine kharaja, signifiant « sortir », nous obtenons le verbe « faire sortir », en doublant la consonne centrale, ce qui donne kharraja. La lettre que l’on ajoute, n’est donc pas donnée par le schème, mais provient de la racine elle-même. Si cette explication ne vous semble pas très clair, n’hésitez pas à demander à le faire reformuler autrement.

Compatibilité des schèmes et des racines

Ceci est pour l’aspect purement structurel. Il existe maintenant un aspect sémantique : ont ne peut pas appliquer n’importe quel schème à n’importe quelle racine. En fait, on peut définir une racine en précisant la liste des schèmes qui lui sont applicables. Rassurez- vous, vous n’aurez pas à apprendre la liste des schèmes applicables pour chacune des racines, car les schèmes applicables se devinent intuitivement. En effet, la racine porte un sens abstrait, intelligible, et le schème porte-lui aussi un sens abstrait tout aussi intelligible ( schème et racine sont de nature très proche, et il est difficile de dire qui en fait s’applique à l’autre… il n’y a pas plus de différence entre une racine et un schème qu’entre un homme et une femme ). Il est alors facile de voir si un schème et une racine sont compatible ou pas. Pour formuler de manière imagée, ont peut ouvrir une porte, mais on ne peut pas ouvrir une tasse à café ( comme celle qui est devant moi ). De la même manière, si le sens d’un schème et le sens d’une racine ne sont pas compatibles, cela se ressent immédiatement.

Les schèmes dans ce cours

Voici un exemple, en lettres Latines, pour être plus claire, de la manière dont vous seront présentés les schèmes dans ce cours. C’est à l’aide de telles fiches que vous les apprendrez.

  • ABC
  • Fonction résumée du schème
  • Description détaillée du schème.
  • Autres détails éventuels.
Exemple
Fonction Terme = Signification
Racine DEF = Sens de la racine
Schème ABC = Fonction résumée du schème
DEF × ABC = ABDCEF
Sens de la racine × Fonction résumée du schème = Sens résultant
Mot ABDCEF = Sens résultant
Rappel  : 

Petits rappels pour comprendre, si nécessaires

Tout d’abord est indiquée la forme du schème. Voyez les places vides sous formes de petits ronds. Suit une description résumée puis détaillée de la fonction du schème. Chose utile : un ou plusieurs exemples d’utilisation du schème avec une racine quelconque, mais bien réelle. Remarquez que la racine utilisée pour l’exemple est de la même couleur que les places vides dans la forme du schème, ceci pour vous aider à mieux faire la relation et à mieux mémoriser les schémas ( pour ceux et celles qui ont surtout une mémoire visuelle ). Chaque exemple se termine par une représentation colorée de la combinaison du schème et de la racine. Pour rendre les exemples plus réalistes, il arrivera que d’autres caractères seront ajoutées en plus de ceux de la racine et du schème, comme des marques du féminin ou autres par exemple.

Last but not least : sur cette exemple, en caractères Latins, le schème et la racine s’appliquent de gauche à droite… il en ira bien évidement à l’inverse avec les fiches réelles en caractères Arabes… n’oubliez pas de prêter attention au sens dans lequel vous remplissez les places vides d’un schème : prenez soin d’opérer toujours de droite à gauche.