Le devenir des enfants issus de famille monoparentale

La famille monoparentale a-t-elle un impact négatif sur le futur de l’enfant ?

Présentation…

Depuis 1960 approximativement, la famille se voit totalement bouleversée dans son organisation, et surtout dans sa stabilité. Qui dit famille, ne dit pas seulement couple vivant en concubinage, mais dit également enfants. Et bien que le choix de briser un couple et de le refaire puisse être assimilé à un choix personnel par convenance personnel ; lorsque des enfants sont présents, le choix ne concerne plus seulement que soi-même. La question vient alors de l’impact de la famille divorcée ou de la famille monoparentale, sur le devenir de l’enfant, non pas seulement à court terme, mais surtout à long terme.

À propos de ce document…

Ce document prend le parti qu’il est préférable pour un(e) enfant de vivre dans une famille disposant de deux parents ( qui peuvent même être du même sexe ), plutôt que dans une famille monoparentale ou conjugalement instable. Mais sans pourtant vouloir jeter l’opprobre sur ces familles, qui n’ont pas toujours fait ce choix volontairement ( bien que le refus des responsabilité puisse certainement toujours être discuté, il n’en est pas question ici ). Certain(e)s lecteur(rice)s pourront donc légitimement noter que ne sont reportés ici que les faits qui parlent en défaveur de la famille monoparentale. C’est exacte, et cela n’enlève en rien l’intérêt de souligner ces réalités pour lesquelles cette page prend le parti. Voyons donc ces réalités pour ne pas être égoïste et ne pas sacrifier l’enfant à une « mode » ( subie ou voulue ) qui ne concerne que les adultes… une mode moderne dont il serait mal venu de banaliser les conséquences.

La scolarité

S’intéressant au devenir de l’enfant, c’est à la scolarité qu’il faudra principalement s’intéresser, surtout dans le monde contemporain, très exigent ( trop ? ) en matière de performance et de compétitivité ( pour le libéralisme contemporain, nous ne sommes que des machines ). Il ressort de plus que c’est sur la scolarité que la différence entre les familles monoparentales et les autres s’exprime le plus certainement.

La situation socio-économique

Le cas ou la séparation est le produit d’une détresse sociale postérieure à la situation de séparation, ne doit pas être confondu avec le cas de la détresse sociale produite par la séparation. Dans ce cas, il ne faudra pas mettre au compte exclusif de la monoparentalité, les effets qui pourront êtres constatés sur l’enfant. Ce type de cas ne devrait pas être pris en exemple pour étudier les effets de la monoparentalité.

L’héritage culturel et socio-économique et la scolarité

Même si le déterminisme de la classe sociale joue son rôle, les enfants de famille dissociées voient la durée de leurs années d’études en moyenne réduite.

Citation de : Paul Archambault

« La rupture familiale ne bouleverse pas la hiérarchie sociale d’accès au diplôme, mais sur l’intégralité de l’échelle sociale, la durée des études est réduite en cas de dissociation parentale.  »

Il existe des cas qui démentent le facteur social dans la réussite scolaire et qui mettent en avant l’héritage culturel ( indépendamment du statu social ) dans la réussite scolaire. Une théorie qui reste à vérifier suppose logiquement que la dissociation du couple parentale produit également une dissociation de l’héritage culturel dont l’enfant ne pourrait alors plus bénéficier avec le même intérêt. En d’autres mots, un enfant à d’autant plus de chance de réussir sa scolarité, qu’il aura à sa disposition, la culture de deux parents ( on peut imaginer que la culture pourra être différente, lui offrant des ressources culturelles encore plus riches ), plutôt que la seule culture d’un seul parent. On pourra faire l’hypothèse que ceci ne concerne pas seulement que exclusivement la réussite scolaire, mais aussi l’abord des choses de la vie dans son ensemble.

Néanmoins, les écarts de niveau de vie se montrent êtres toujours d’un poids plus important encore que le poids de l’héritage culturel…. c’est la triste réalité ; il serait intéressant de déterminer si le phénomène s’exprime surtout quand le niveau de vie n’est pas suffisant, et moins quand il est suffisant et seulement plus ou moins élevé.

C’est surtout au delà du BAC que s’exprime les effets négatifs de la décomposition familiale. Ceci est à mettre en rapport avec le fait que de nos jours, le BAC ne suffit même plus à constituer une valorisation sociale, et que la protection sociale à l’intention des mères seules avec enfants ne tiens pas suffisamment compte de l’allongement de la durée des études requises à notre époque.

La dureté sans cesse croissante du monde contemporain et l’exigence toujours plus forte de compétitivité augmente l’importance de l’impact du parcours scolaire, et donc de la situation sociale du parent élevant seul(e) son enfant, dont dépend cette réussite scolaire.

En plus d’une durée des études réduite, les enfants de familles dissociées quittent le foyer parental plus tôt que les autres dont les parents sont restés unis. La durée des études ayant été courtes, et ceci défavorisant l’insertion professionnelle, il en résulte une certaine instabilité du parcours professionnelle ( bien entendue subie, et non pas voulue ).

Les doutes concernant l’impact sur la scolarité

Il peut être parfois difficile de faire la part des choses entre plusieurs facteurs, que sont par exemple la séparation et la situation financière. Mais le fait est qu’à situation financière égale, l’enfant dont les parents restent unis trouvera pour lui de meilleures conditions, et même avec une bonne situation financière de départ, un divorce ou une séparation peuvent laisser une situation financière ou matériel précaire ( et dans une telle situation, même avec une bonne situation financière, une situation matérielle peut malgré tout être précaire ). Ceci peut sembler trop facile à dire, et ces mots ne veulent accabler personne, mais il est bon de rappeler cette réalité simple.

Certaines personnes avancent que les mesures des effets du divorce sur la scolarité ne montrent qu’un impact faible comparativement aux familles à couple stable. Mais un autre effet vient modérer cette conclusion : les familles monoparentales ont généralement moins d’enfants que les familles à couple stable, et on sait que la durée de la scolarité est d’autant plus brève que la famille a de nombreux enfants. Donc comme les familles monoparentales ont moins d’enfants, l’effet négatif de la monoparentalité est atténué par le faible nombre d’enfants. Par contre, à nombre d’enfants égale, on peut s’attendre à ce que le désavantage de la famille monoparentale sur la scolarité de l’enfant soit plus flagrant.

Pour certaines études, les enfants de familles monoparentales ou de famille divorcées sont effectivement scolairement désavantagés, mais sans que l’on n’ai encore à ce jour put mettre clairement en évidence les facteurs responsables de ce désavantage ( ces facteurs sont difficiles à déterminer, car ils sont indirectes ). Mais ces-mêmes études s’accordent toujours sur le fait que cette inégalité reste vraie quelque soit la situation sociale du parent ( seule les explications du phénomène posent questions ).

La santé mentale et le sentiment de confort de l’enfant

La santé psychologique de l’enfant ne dépend par contre pas directement de la dissociation de la famille et dépend plutôt de la bonne entente de l’enfant avec ses deux parents et également de la bonne entente générationnelle ; les conflits de génération entre parent et enfant ont des effets nettement négatifs.

L’étude des conséquences de la famille monoparentale sur l’enfant, est rendue difficile par le fait que les statistiques et les enquêtes sur la vie des citoyen(ne)s, se concentre surtout sur des périodes, des tranches de la vie, sans faire le liens entre ces périodes : on trouvera par exemple aisément des statistiques sur le stade de la vie A et le stade de la vie B, mais il sera plus difficile de trouver des statistique portant sur le passage de A a B ; ce qui accentue encore l’effet abstrait des statistiques qui le sont déjà par nature.

Une étude Suédoise ( Lancet, janvier 2003 ; vol. 361 : p. 289-295. ) semblerait démontrer que la situation de famille monoparentale est plus difficile pour les garçons que pour les filles ; peut-être parce que le parent d’une famille monoparentale est presque toujours une femme, mais l’étude ne dit rien à ce sujet.

Cette étude suédoise confirme elle aussi que le divorce n’a pas que des effets à court termes, mais aussi ( et peut-être même surtout ) des effets à longs termes tout au long de la vie de l’enfant et même lorsqu’il sera adulte. Elle confirme également les constatations de P. Archambault au sujet de l’impact prépondérant de la situation socio-économique ( toujours elle ) qui est le plus souvent défavorable dans les couples divorcés.

Exemples de témoignages sur des forums publiques

Sur des forums publiques et populaires, il n’est pas rare de voir témoigner des femmes expliquant comment leur enfant était anxieux et agités, et comment il a semblé retrouver son calme après la reconstitution d’un couple.

Citation de : Un forum publique

« J’ai été un peu dans votre cas, j’ai élevé mon fils seule, de sa naissance à 4 ans… on peut leur apporter le maximum, cela ne suffit pas…. c’est comme cela, un enfant a besoin d’équilibre, à l’extrême…. se retrouver face à un enfant, c’est régler les “ conflits ” en étant à un contre un… dans votre cas, c’est du deux contre un…. autant dire que c’est dur de tout gérer bien…  »

Citation de : Un forum publique

« Depuis que je me suis remise en couple, mon enfant a retrouvé son calme et sa joie de vivre. c’est une clé du succès, pour vos enfants comme pour vous.  »

Parfois ce sont les enfants qui demandent à leur mère de retrouver un concubin, et le font de manière amusante et indirecte :

Citation de : Un forum publique

« À plusieurs reprises, ils m’ont demandé de refaire ma vie et si possible comme ils disent : “ on aimerait bien avoir une petite sœur, mais on sait qu’on choisi pas ”.  »

Le monde dans lequel sera accueilli l’enfant futur adulte

Les impacts de la famille monoparentale sur la santé mentale de l’enfant semblent assez mitigés, et plutôt dépendre de la santé mentale des parents eux-même. Il n’a pas été question ici de la relation particulière qui s’instaure entre un parent unique et ses enfants. On admettra que cette relation particulière dépend tout autant de l’enfant que du parent, et de plus, il arrive fréquemment que même dans une famille unis, l’un des deux parents soit plus ou moins absent de la relation parent-enfant ( effet qu’il serait intéressant de mesurer ), ou soit même quelque fois démissionnaire devant l’autre parent. Reste finalement la question de la scolarité, et de la situation sociale qui aura comme nous l’avons vu, un impact majeur sur cette scolarité. Mais comme l’importance de la scolarité et des diplômes initiaux est nettement accentuée par le fonctionnement du monde contemporain ( absence de seconde chance, non reconnaissance de l’inventivité ou des compétences en dehors de tout diplôme, monopole de certaines classes sociales sur les moyens de production et de subsistance, etc ), alors il ne serait pas illogique de conclure que c’est l’accueil réservé par ce monde à ces enfants qui est la cause de l’échec à long terme que peut représenter le fait d’être issue d’une famille monoparentale. Et en conséquence, il serait probable que les aspects négatifs venant avec la famille monoparentale, serait moindre dans une société moins individualiste. En conclusion, bien qu’elle accepte l’idée de la famille monoparentale, la société n’est pourtant pas structurellement prête à accueillir ces enfants issus de familles monoparentales ou dissociées et les condamne par avance pour cette situation initiale… tout comme d’ailleurs elle condamne d’autres classes sociales pour d’autres raisons.